L'Europe ne veut plus des pesticides, mais les exporte en masse dans les pays émergents. Pour en mesurer les conséquences, le journaliste Frédéric Loore et le photographe Roger Job sont partis enquêter au Pérou.
Dans les vallées agricoles andines qui alimentent Lima, la capitale du Pérou, des cultivateurs arnachés de pulvérisateurs à essence, déversent des nuages de pesticides sur les cultures de fruits et de légumes. Ce travail quotidien et dangereux, ils l’accomplissent dès l’âge de 15 ans, en étant totalement dépourvus d’équipements de protection.
Ces petits producteurs familiaux travaillent pour leur compte ou, majoritairement, pour celui d’investisseurs auxquels ils louent leur terre. Ils aspergent massivement les parcelles à l’aide de tout ce que commercialise l’industrie agrochimique : insecticides, fongicides, herbicides, néonicotinoïdes et autres engrais de synthèse. Ces produits phytosanitaires contiennent une grande partie des quelque 200 substances actives bannies de l’agriculture en Europe, en raison de leur toxicité avérée ou fortement présumée pour la santé humaine, la biodiversité et l’environnement. Cependant, l’Union européenne autorise leur production et leur exportation.
Ces substances interdites ou sévèrement réglementées sortent des usines exploitées en Europe par les géants du secteur des pesticides. En Belgique notamment, qui accueille sur son territoire les sites de production de trois des quatre plus grands fabricants mondiaux. Ensuite, les produits phytopharmaceutiques prennent la direction de nombreux pays émergents tel que le Pérou.
Nos reporters se sont rendus sur place où ils ont constaté que l’usage des pesticides est hors de contrôle et que la surveillance de la chaîne alimentaire est complètement défaillante. Résultat : les risques sanitaires se démultiplient et les consommateurs s’intoxiquent. Les autorités péruviennes sont plus attentives à leur filière dédiée à l’agro-exportation, mais des résidus de pesticides finissent malgré tout dans l’assiette des Européens.
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