Alexandre Lacroix est directeur de la rédaction de Philosophie Magazine depuis le lancement du journal, en 2006. Enseignant à Sciences-Po Paris depuis 1998, il y donne des cours d’humanités politiques et d’écriture créative. Il est président et co-fondateur d’une école d’écriture, Les Mots, et dirige la collection “Les Grands Mots”, publiant des essais philosophiques contemporains, aux éditions Autrement. Écrivain, Alexandre Lacroix a publié une vingtaine d’essais et de romans, ainsi que plusieurs albums illustrés pour la jeunesse.
Parmi ses essais : Au cœur de la nature blessée (Allary éditions, 2022), une exploration de nos émotions devant les paysages transformés par la civilisation industrielle et le réchauffement climatique, Comment ne pas être esclave du système ? (Allary éditions, 2020), une méthode pour échapper à l’utilitarisme ambiant et à l’emprise de la technique, et Devant la beauté de la nature (Allary éditions, 2018), une réflexion sur la beauté des paysages qui nous fascine et sa capacité à nous inciter à une révolution écologique.

Note d’intention d’Alexandre Lacroix : Je m’intéresse à une discipline méconnue, un champ philosophique surtout anglo-américain et peu développé en France : l’esthétique environnementale. L’esthétique telle qu’elle est enseignée aujourd’hui s’intéresse principalement aux arts. L’esthétique environnementale s’interroge sur nos relations sensibles, émotionnelles avec la nature, sur les représentations culturelles que nous en avons. Il s’agit de comprendre comment chacun de nous se rapporte aux lieux et aux milieux vivants qu’il ou elle habite ou traverse. Pourquoi aimons-nous regarder les couchers de soleil ou écouter le flux des vagues, alors que ça ne sert à rien ? Pourquoi avons-nous des usages désintéressés des milieux, qu’est-ce qui se passe en nous lorsque nous levons les yeux vers un ciel étoilé ? L’esthétique environnementale affronte ces questions en mobilisant la physiologie sensorielle, la théorie de l’évolution ou encore la métaphysique ; elle est nécessairement pluridisciplinaire. Mais elle s’ouvre également sur une dimension politique : car ce sont nos émotions – au premier rang desquelles l’émerveillement ? – qui peuvent nous engager à l’action, plus sûrement que des listes de chiffres ou des analyses factuelles des effets du réchauffement climatique. Les faits seuls ne nous meuvent pas.

свернуть