Alexandre Gady, historien et historien de l'art, professeur à l'université Paris-IV Sorbonne
Au sortir de la Renaissance, l’ornement architectural est foisonnant dans l’architecture savante : tables, bossages, frontons, masques, rinceaux, consoles etc., assiègent les façades de l’architecture privée et publique ; parallèlement, tout le vocabulaire des ordres s’est mis en place durablement, avec un jeu subtil qui passe de règles en exceptions, et de modèles en licences assumées.
Or, tout au long d’un siècle qui voit se mettre en place un important mouvement de codification et réglementation, lié à la montée en puissance du système monarchique dans les arts, on va au contraire assister à une forme de « désornementation » progressive de l’architecture française : s’il n’est pas linéaire, ce mouvement aboutit clairement, sous Louis xiv, à une élision décorative, voire parfois à une tentation du silence ornemental.
Ce passage entre un monde orné et un monde austère s’explique par des enjeux certes pratiques, mais encore esthétiques, enfin et surtout théoriques, avec la double question de l’utilité et de la convenance – promise à un grand avenir au siècle suivant. Il éclaire en tout cas le grand assagissement qui, en France, marque l’ornement d’architecture pour longtemps et constitue un des caractères de l’art français.
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