Trois débarcadères pour les personnes à mobilité réduite ont été complètement retirés dans l’arrondissement Mercier-Hochelaga-Maisonneuve à la suite de l’implantation de la première section du Réseau Express Vélo (REV).
La piste cyclable bidirectionnelle de l’avenue Souligny, la toute première des «autoroutes à vélo» annoncées par Projet Montréal, a forcé le réaménagement de cinq espaces dédiés aux personnes à mobilité réduite, entre les rues Saint-Émile et Honoré-Beaugrand. Ceux-ci étaient tous situés du côté nord de la rue, près du trottoir et des édifices résidentiels, dont au moins un comprenant des logements adaptés.
La piste cyclable bidirectionnelle change de côté de rue à la traverse piétonne face à la traverse ferroviaire de la rue Liébert. La configuration facilite la vie des cyclistes, mais empêche le stationnement du côté des résidences, tout comme la possibilité d'aménager des débarcadères.
«Les débarcadères ont dû être relocalisés aux emplacements où il restait des espaces de stationnement qui demeuraient les plus près des résidences», a expliqué Jeanne Fournier, porte-parole de l’arrondissement.
Deux zones pour les personnes à mobilité réduite ont ainsi été installées, dont la première mesurant 28 mètres est située à l'ouest de l'intersection de l'avenue Souligny et de la rue Saint-Émile. La deuxième, de 16 mètres, est maintenant du côté sud de la rue, soit à l'opposé des trottoirs, à proximité du chemin de fer.
Indignation
Linda Gauthier, à la tête du Regroupement des activistes pour l'inclusion au Québec (RAPLIQ), considère que Projet Montréal «multiplie les bêtises humaines».
Selon Mme Gauthier, traverser une rue et une piste cyclable pour accéder aux trottoirs peut s’avérer dangereux pour une personne à mobilité réduite ou une personne âgée. «Les personnes âgées qui vont traverser la rue vont peut-être se faire écraser deux ou trois fois avant d’atteindre le transport adapté.»
De son côté, l’arrondissement indique avoir l’intention de communiquer prochainement avec un immeuble accueillant des personnes retraitées afin de «collaborer et voir si d'autres options seraient envisageables pour mettre sur pied des aménagements supplémentaires».
Le cabinet de la mairesse mentionne que les débarcadères ont été regroupés «pour former deux plus grands» endroits. «Cela permet d’accommoder davantage les autobus pour personnes à mobilité réduite en offrant plus d’espace pour prendre les usagers et, en plus, d’accommoder les résidents de chaque côté de Souligny.»
Stationnements
L’arrivée du REV sur l’avenue Souligny fait également des mécontents dans le quartier Tétreaultville depuis l’annonce du projet, qui engendre le retrait de nombreux espaces de stationnements, entre la rue Dickson et l’avenue Hector.
Selon Mygano Myande, résident d’une coopérative d’habitation de l’avenue, les interdictions de stationnement compliquent le quotidien des nombreuses familles de la rue.
«C’est un aménagement pour lequel les citoyens n’ont pas été informés et qui vient affecter négativement la vie des gens du quartier. On tombe complètement des nues», a-t-elle déploré.
Les personnes âgées laissées en plan, dit une experte
Le fait que le premier pan du Réseau Express Vélo déplace des débarcadères pour personnes à mobilité réduite illustre bien le fait que les besoins des personnes âgées passent souvent au second plan, selon une experte.
«Les villes disent qu’elles veulent attirer des jeunes et être dynamiques. Souvent, les besoins des personnes qui sont sur le marché du travail passent avant ceux des personnes âgées», a remarqué Meghan Joy, professeure en science politique à l’Université Concordia et spécialiste des politiques municipales concernant les aînés.
«En général, [dans les villes], il y a cette idée que les personnes âgées sont des problèmes à régler, qu’ils sont plus dépendants, qu’il faut les activer, a-t-elle analysé. On ne leur demande pas tellement quels sont leurs besoins, comment on peut rendre nos espaces plus accessibles.»
Mme Joy a souligné que la mobilité et le transport sont des éléments cruciaux pour les aînés, que ce soit pour se rendre à des activités sociales, voir leur famille, leurs amis, faire leurs achats et aller à leurs rendez-vous médicaux.
«Nous n’allons pas tous être cette personne âgée qu’on voit parfois et qui court des marathons. Tant mieux pour ceux qui ont cette chance, mais ça ne sera pas le cas pour un grand nombre d’entre nous», a-t-elle rappelé.
La spécialiste déplore que le gouvernement incite d’un côté les personnes âgées à rester actives, tout en proposant des villes qui ne sont pas adaptées à leurs besoins.
Avec le vieillissement de la population, les villes ont tout intérêt mettre à jour leur approche de l’accessibilité pour les personnes âgées, a soutenu Mme Joy.
- Camille Dauphinais-Pelletier, Agence QMI
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