Intervention de Lisa Ouss (Hôpital Necker & David Cohen/Hôpital de la Pitié-Salpêtrière), dans le cadre de la journée d'étude "Mensonge et Aveu", organisée par Philippe Rochat, résident de l'IEA de Paris.
Présentation
Le mensonge, tant public que privé, a toujours existé. Néanmoins, notre propension à la duplicité est aujourd’hui exacerbée par les nouveaux réseaux sociaux qui donnent à l’individu un pouvoir de manipulation de l’information sans commune mesure, un pouvoir qui est lui-même facilitateur de nouvelles violences tristement constatées ces derniers temps.
Est-il normal de mentir et pourquoi? D’où vient notre propension à cultiver des pensées doubles, à se duper soi-même autant qu’à duper l’autre? Quelles sont leurs origines? La duperie est-elle inscrite dans le cerveau? Les enfants apprennent-ils à mentir ou le font-ils par nature autant que par nécessité? Faut-il mentir pour survivre? Comment concevoir la duplicité et le mensonge qui depuis toujours façonnent nos vies, de même qu’ils façonnent celles des autres animaux dont la survie dépend de la feinte, du bluff instinctif et autres camouflages héréditaires?
A la différence des autres animaux, nous nous interrogeons sur le mensonge et en tirons des conséquences bien au-delà de l’expérience vécue dans l’urgence du présent. La duplicité humaine est consciente et intentionnelle. Elle peut s’associer à de la culpabilité, mais aussi à de la colère vengeresse par la réalisation d’une vérité cachée.
Duplicité et mensonge chez l’homme créent la possibilité de l’aveu : le débusquement de la tromperie, la lumière sur ce qui est ou a été sciemment caché. C’est donc aussi la source directe du scandale et de l’outrage public. Historiquement, la mise à jour publique de la duplicité et des mensonges du pouvoir (par exemple les récentes révélations de Wikileaks ou Mediapart), relayées par d’autres tapages médiatiques mensongers sont parfois la cause de bouleversements politiques majeurs (par exemple le printemps arabe d’il y a deux ans). C’est aussi la source des excès fanatisants nourris par les nouveaux réseaux sociaux (Charlie Hebdo).
L’objectif de cette journée d’étude est de donner champ libre à la réflexion de chercheurs dans diverses disciplines des sciences humaines et sociales. L’idée est de révéler comment ces chercheurs traitent et comprennent la question de la duplicité et du mensonge dans leur champ propre de réflexion et de recherche: comment ces chercheurs conçoivent place et fonction de la duplicité et du mensonge dans tout ce qui nous lie à autrui. Le but est ainsi de fournir à tous les moyens de mieux saisir ce que recouvre la duplicité et ce qui pousse à tromper l’autre dans nos communications.
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