Avec
Michel Cassé Astrophysicien
De l’Antiquité jusqu’au Moyen Âge, on s’est furieusement bagarré à propos de l’existence du vide, jusqu’à aboutir à la fameuse formule de Roger Bacon : « La nature a horreur du vide ». Prise trop au sérieux, cette phrase a même conduit à envisager l’horreur du vide comme une véritable force capable d’agir sur les objets : ainsi, au Moyen Âge, on croyait - à tort - que l’eau, comme tous les autres corps, se contracte quand elle devient solide, autrement dit que la glace occupe moins de volume que l’eau liquide on interprétait donc le fait qu’une bouteille d’eau se casse sous l’effet du gèle en disant que la nature préfère briser la bouteille plutôt que de laisser du vide se former à l’intérieur… Pour résumer cette conception du vide, Gaston Bachelard avait trouvé une jolie formule : « le vide est un facteur d’anéantissement apportant dans toute substance la contagion de son néant »
De nos jours, on définit plutôt le vide comme étant ce qui reste dans un récipient après qu’on en tout extrait. Cette définition est toutefois problématique. Pourquoi ? Parce que si le vide existe, c’est qu’il n’est pas rien, c’est qu’il est quelque chose de particulier, mais curieusement, ce “ quelque chose de particulier ” qu’il est ne doit pas être enlevé quand on fait le vide sous peine de faire du vide en question un pur néant qu’il ne peut pas être puisqu’on vient de dire qu’il était quelque chose… En clair, pour faire le vide, il faut tout enlever, absolument tout, sauf le vide…
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