Extrait de la compilation "Les génies de la chanson : Fréhel" : [ Ссылка ]
La petite histoire de la chanson semble avoir, jusqu'à présent, épargné à Marguerite Boulc'h, alias Pervenche, alias Fréhel, les derniers affronts : ceux de s'être faite psycho-psycha-socio-socia-historico-historica-fémino-femina-analysée par un reporter à deux sous ou un fana prêt à tout pour expliquer, via des notions freudiennes ou jungiennes apprises dans un livre de poche, le destin de cette femme.
L'on connaît, bien sûr, tous les détails de son enfance malheureuse, de ce viol auquel, très jeune, elle aurait échappé ; on connaît son mariage malheureux, l'histoire de son fils mort en bas âge, on connaît son amour pour Maurice Chevalier ; on connaît également la liste de ses amants, riches, boxeurs, noirs ; et il est facile d'en apprendre un peu trop sur sa fuite en Russie, de sa passion pour la cocaïne, l'alcool, sur son retour à Paris, après dix ans d'absence.
Tout cela, oui, c'est vrai - et qu'elle soit morte pauvre, alcoolique, presque oubliée de tous, aussi.
Nous nous bornerons à ne donner que deux dates : celle de sa naissance, le 13 juillet 1891 et celle de sa mort, le 3 février 1951.
Pour les amateurs, nous donnerons deux adresses : elle est née, au 2 du boulevard Bessières, dans le 17e arrondissement, à Paris et elle est décédée au 45 rue Pigalle, dans le 9e. - Et nous ajouterons qu'elle a été inhumé au cimetière de Pantin.
Et puis tant qu'à y être, nous citerons ce témoignage paru dans Ici Paris d'une danseuse qui, trente ans après, raconte sa rencontre avec Fréhel :
"Un après-midi de 1948, au métro Anvers, je suis tombé en arrêt devant une grande femme, probablement saoule, affaissée au pied d'un arbre. Un car de police s'est bientôt arrêté pour embarquer cette pocharde. Mais elle a fait face aux flics. Elle leur a hurlé : "Foutez-moi la paix, je suis Fréhel, oui Fréhel, la chanteuse." C'était bien elle, en effet, mais les agents refusaient de la reconnaître. Je suis allée les trouver. Je leur ai dit : "Vous ne pouvez pas embarquer notre grande Fréhel. "Ils ont hésité un instant et j'ai pu glisser à l'oreille de la malheureuse : "Chantez, Madame, je vous en prie, chantez." - Alors les mains sur les hanches, les jambes écartées, dessoûlée comme par enchantement, elle a entamé "La Java Bleue" avec autant de force, autant de fougue qu'au temps où les foules l'acclamaient. - Aussitôt les badauds se sont pressés autour de leur ancienne idole, stupéfaits d'être les témoins de cet authentique miracle. Un brigadier a murmuré : "Comme c'est triste de finir ainsi !" Puis il a rappelé ses hommes et le panier à salade est reparti à vide."
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