L'Ogre des Ardennes est mort. Il laisse derrière lui un cortège macabre de victimes et probablement aussi de terribles secrets non reconnus. Michel Fourniret, l'un des pires prédateurs de l'histoire récente, est décédé le lundi 10 mai à 15 h. à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris). Joueur d'échecs convaincu de son talent, il n'a été, ces dernières semaines, qu'un vieil homme sénile aux longs cheveux blancs, incapable de mettre lui-même une fourchette à la bouche.
Affecté par la maladie d'Alzheimer selon un certificat médical du 1er mars, le lecteur assidu de Dostoïevski s'était peu à peu enfermé dans le silence et n'avait prononcé que quelques commentaires incohérents. Ce week-end, comme le révèle Le Parisien - Aujourd'hui En France, le tueur a été placé dans le coma et ses médecins ont jugé son état irréversible. Sa mort n'est donc pas une surprise mais ouvre de nombreuses incertitudes et soulève des interrogations sur le sort des enquêtes criminelles sur lesquelles son ombre inquiétante est passée au cours des 20 dernières années.
Lorsqu'ils arrêtent Michel Fourniret après l'échec de l'enlèvement d'un adolescent en juin 2003, la police belge a mis fin à un cours criminel extraordinaire, ponctué de victimes croisées lors des sordides «traques» du meurtrier. Seules les femmes ou jeunes filles, mises en confiance ou enlevées de force, en France et en Belgique, entre 1987 et 2003 avant d'être violées et tuées. Pour ces atrocités, Michel Fourniret a été condamné pour la première fois à la perpétuité en 2008, reconnu coupable des meurtres de sept jeunes femmes. Un deuxième procès suivra en 2018: Michel Fourniret est à nouveau condamné à la réclusion à perpétuité pour le meurtre de Farida Hamiche, tuée en 1988 pour un motif crapuleux. Mais combien d'autres meurtres resteront impunis ou irrésolus parce que nous n'avons pas été en mesure d'identifier assez tôt le caractère protéiforme de ce tueur machiavélique?
La mort de Michel Fourniret l'empêchera de répondre à nouveau pour ses atrocités. Depuis 2018, l'Ogre des Ardennes avait en effet été mis en examen dans quatre autres cas de disparitions ou de meurtres. Sa mort ne marque pas définitivement la fin de ces affaires, mais les familles d'Estelle Mouzin, Lydie Logé, Joanna Parrish et Marie-Angèle Domèce ‚ne pourront jamais affronter le tueur en série dans un procès.
Une situation d'autant plus insupportable que les corps de trois de ces jeunes filles n'ont jamais été retrouvés. Malgré d'intenses fouilles parfois menées en sa présence, Michel Fourniret n'a jamais livré d'indices tangibles sur le sort des restes de Marie-Angèle Domèce et d'Estelle Mouzin. En raison de son état de santé, il n'a même jamais pu être interrogé par la juge Sabine Khéris dans l'affaire Lydie Logé, dont le corps reste introuvable. Il a fallu plus de 26 ans à la justice pour l'associer à ce dossier.
«Cela fait plusieurs mois que son état et sa mémoire se sont détériorés et nous soupçonnions qu'il ne serait jamais jugé, observe Me Didier Seban, qui défend les proches de ces victimes auprès de Me Corinne Herrmann. Cette situation est très difficile pour les familles qui le feront. être privée du principal accusé en cas de procès. Selon toute vraisemblance, l'ex-petite amie du tueur sera donc seule pour ces meurtres. Un moindre mal même si "Monique Olivier ne sait pas tout sur les crimes de Michel Fourniret et le fera ne pas pouvoir donner toutes les réponses que les familles attendent », explique son avocat, Me Richard Delgenes. Michel Fourniret meurt avec certains de ses secrets et c'est évidemment préjudiciable ...« Les avocats du meurtrier s'interrogent sur «la valeur de ses déclarations faites depuis deux ans compte tenu de l’ampleur de sa déficience cognitive ».
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