Peut-on toucher le Coran sans les ablutions?
Question : Quel est le jugement sur le fait de toucher le Qur'an sans les ablutions ?
A ce sujet il y a différents avis des savants.
Le premier avis est l'interdiction, ceci est l'avis des 4 imams, Abou Hanifah, Malik, Ash-shafi'i et l'Imam Ahmad, il y a une seule narration sur les 4 Imams, il n'y a pas deux narrations sur un Imam mais bien une seule sur les quatres, qui dit que ceci est totalement haram.
Il y a aussi l'avis de Sa'd Ibn Abi Waqqas qui affirme l'interdiction.
Ils ont argumenté par le célèbre hadith dans le livre de 'Amr Ibn Hazm : "Seule une personne purifiée peut toucher le Coran".
Ils avance aussi comme argument la parole d'Allah 'Azza wa jal :
"Que seuls les purifiés touchent" [S56, V79]
Le deuxième avis : Dawoud Ibn Ali Al-Dhahiri et Ibn Hazm voient qu'il n'y a pas de mal qu'une personne non purifiée touche le Coran.
Ils ont avancé pour cela quelques arguments :
Le premier argument étant qu'il n'y a aucun récit qui prouve que le Prophète a interdit cela, plutôt il encourageait sa communauté à lire le Coran et animait en eux le désir de le lire.
Si celui qui annulait ces ablutions ne devait pas toucher le Coran, alors le Prophète aurait dit :
« Sauf celui qui annule ses ablutions n'a pas le droit de le toucher ».
Retarder d'éclaircir les choses au moment de nécessité n'est pas permis.
Le deuxième argument, ils disent que concernant la parole d'Allah :
"Que seuls les purifiés touchent" [S56, V79]
Que ceci concerne les Anges, comme la parole d'Allah 'azza wa jal :
"consigné dans des feuilles honorées, élevées, purifiées" [S80; V13, 14]
L'exégèse de cette parole et aussi celle de l'Imam Malik dans son Mouwatta, et celle d'Ibn Abbas pour le sens de ce verset.
Le troisième argument, est que le hadith qui dit que seule une personne purifiée peut toucher le Coran est un hadith "mounkar" (dénoncé)
et que l'information ne peut être récitée avec une chaîne de transmission (ce qui veut dire que le hadith en question ne comporte pas de chaîne de transmission). L'Imam Malik la cité dans son Mouwatta selon Abi Bakr en tant que hadith "moursal" (altéré). De même qu'An-Nassa'i et d'autres, selon Zayd Ibn Arqam selon Az-Zuhri, hors Zaïd Ibn Arqam, son hadith est altéré.
Le quatrième argument, ils disent que c'est une chose dont la Oumma a besoin, et que ni petits ni grands, ni hommes ni femmes ne peuvent délaisser.
Donc si elle n'a pas été clairement définie, alors la base dans cela est la licéité (halal).
Si cela avait été illicite, alors que les gens ont en besoin, le Prophète l'aurait clairement démontré.
Donc comme le Prophète n'a rien dit à ce sujet, cela prouve qu'il n'interdit pas à celui qui annule ses ablutions de le toucher.
Et cela car l'argument est plus fort, il n'y a aucune preuve de l'interdiction chez les quatre Imams autre que ce qui a été précité, et ces arguments sont faibles. En ce qui concerne le hadith : « Sauf celui qui annule ses ablutions n'a pas le droit de le toucher ». Ce hadith ne peut être cité avec une chaîne de transmission, il est cité « moursal » (altéré) et le contenu est faible. Concernant l'argument qu'ils ont avancé avec la parole d’Allah 'azza wa jal : "Que seuls les purifiés touchent" [556, V79].
Le sens qu'ils ont donné à ce verset n'est pas juste, quand ils disent que celui qui est visé est celui qui n'a pas ses ablutions.
Car ceux qui sont visés ce sont les anges, comme l'a soutenu Ibn Abbas, de même que Mâlik dans son Mouwatta, ainsi que de nombreux autres Imams. Toutefois, il est préférable que la personne fasse ses ablutions, ainsi il sortira de la divergence des savants car faire ses ablutions n'est pas une chose difficile.
Néanmoins si la personne n'a pas fait ses ablutions au préalable, il n'y a pas de preuve sur laquelle on peut s'appuyer pour dire qu'elle a commit un péché.
Il n'y a pas de preuve claire à ce sujet. Nous pensons que s'il y avait eu une interdiction de la part du Messager sur cette question, nous aurions eu une multitude de récits à ce sujet, celle-ci étant une chose (la lecture du Coran) grandement indispensable à la Oumma et dont personne ne peut s'en passer. De plus, de nombreux hadiths hautement authentiques, nous informent que les Salafs encouragent à la lecture du Coran, sa mémorisation, la méditation de Ses versets, les rappels.
Donc la Oumma a fortement besoin, autrement le Prophète aurait clairement démontré que le non-purifié n'a pas le droit de le toucher.
