1/5 Pier Paolo Pasolini : Portrait (2015 - Hors-champs / France Culture). Du 18 au 22 mai 2015 dans son émission “Hors-champs”, Laure Adler rend hommage au grand cinéaste italien Pier Paolo Pasolini (1922-1975). Episode 1 : Portrait de Pier Paolo Pasolini, avec René de Ceccatty et Hervé Joubert-Laurencin. En cinq épisodes, nous vous proposons de découvrir le cinéaste, le poète, l'engagé, le dramaturge, l'homme. Avec nos invités, artistes et universitaires, spécialistes et amoureux de Pasolini, “Hors-champs” dresse le portrait complexe, intense et passionnant d'une vie et d'un oeuvre qui aura marqué le vingtième siècle italien.
« C’est une voix inattendue mais dont l’Italie avait besoin au sortir du fascisme. La voix poétique de Pasolini », explique René de Ceccaty. D’ailleurs, Hervé Joubert-Laurencin poursuit en évoquant l’époque du cinéaste-poète : « Pasolini est né avec le fascisme. Il s’est rendu compte à l’adolescence qu’il y avait un vrai problème dans son pays, avec la pensée totalitaire, et il est devenu antifasciste progressivement, jeune homme. Il a été vacciné à tout moralisme et à toute simplification des choses. »
Pier Paolo Pasolini est né à Bologne mais, enfant, suit sa mère dans le Frioul. C’est là qu’il va s’éprendre d’un dialecte qui l’inspirera tant, comme l’explique René de Ceccatty : « L’arrivée au Frioul a été fondamentale, notamment la découverte du monde paysan. Il s’ancre dans le Frioul et pense qu’il va devenir un poète dialectal. Il croit beaucoup à la poésie sous forme orale. Avec le frioulan, il a pensé qu’il pouvait atteindre une poésie plus pure, moins standard. Il va utiliser la poésie pour décrire le monde dans sa réalité. »
Et cette réalité peut être violente, comme le montrent beaucoup des films de Pasolini. Mais, pour Hervé Joubert-Laurencin, « c’est la violence de la vie qui passe, ce n’est pas quelqu’un qui a un thème unique, une obsession. Chez Pasolini, il y a de l’humour, du rire, de la vie. Toute cette violence c’est une façon de montrer que dans le monde capitaliste il y a quelque chose de violent pour les démunis. Toute violence est violence politique. C’est la vitalité qui l’intéresse, dans toute son œuvre. »
Cinéaste et poète avant tout, Pasolini « pense que la poésie n’est pas limitée au fait d’écrire des poèmes, poursuit René de Ceccatty, mais qu’elle a une fonction révélatrice du monde, comme tous les grands poètes. » Pasolini va être très attentif à tous les poètes italiens et étrangers, et a le grand Dante pour modèle, « Dante comme fondateur d’un regard sur le monde globalisateur, essayant de comprendre le monde dans sa totalité. Pasolini est très attentif aux autres créateurs. Et d’ailleurs, les premières œuvres qui vont le faire connaître, ce sont des anthologies de poésie. »
« Il a une approche de poète, continue René de Ceccatty. Il a le même rapport aux images que les poètes avec la langue. La représentation sur l’écran devient un événement presque religieux. »
« Il a quelque chose d’indestructible chez Pasolini, estime Hervé Joubert-Laurencin. Sa voix n’est pas forte, elle n’a pas besoin d’être au-dessus des autres. Sa voix a l’air de sortir d’un autre corps car son corps est tendu, physique, musclé. C’est la puissance de sa parole qui est forte et violente. Il a une force intérieure très grande… »
Invités :
René de Ceccatty, auteur, éditeur au Seuil
Hervé Joubert-Laurencin, professeur d’esthétique et d’histoire du cinéma à Paris X
Pier Paolo Pasolini, cinéaste italien
Thèmes : Arts & Spectacles| Cinéma| Poésie| Théâtre| Pier Paolo Pasolini
Source : France Culture
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