Grand ami de sainte Thérèse d'Avila, Jean de la Croix transforme avec elle l'ordre du Carmel en revenant aux fondements
L’Église est semper purificanda et non semper reformanda
Les filles des bonnes familles de la ville d'avila et ailleurs en Castille ne trouvent pas à se marier. Les garçons partent en très grand nombre pour la conquête de l’Amérique latine. Tel est le cas de la famille même de Thérèse puisque presque tous ses frères y sont partis ou vont y partir.
Il est facile de comprendre dans ce contexte qu’un certain nombre de religieuses n’avaient pas vraiment la vocation religieuse. . Le monastère vivait de ses « rentes ». La communauté était à peine capable d’assurer le minimum vital à chaque sœur. Chacune s’en tirait donc comme elle pouvait et se voyait dans l’obligation de sortir de demander l’hospitalité aux membres de sa famille, tout simplement pour ne pas mourir de faim.
De plus, cette absence d’organisation entraînait des inégalités criantes entre les sœurs.
Or Doña Teresa s’était sentie appelée très tôt à l’absolu d’une vie toute donnée à Dieu. Dès 1538, année de sa grave maladie, elle avait découvert la pratique de l’oraison qui lui permettait de vivre sa relation au Christ comme une amitié exigeante.
Particulièrement clair à partir de 1554, année de ce qu’elle appelle sa « conversion ».
Bref, le genre de vie qui était le sien au monastère de l’Incarnation ne la satisfaisait plus du tout ; elle recherchait quelque chose de plus authentique, de plus radical.
En 1560, elle réunit un groupe de jeunes filles dans son petit appartement. L’une d’entre elles lance l’idée d’une fondation carmélitaine où l’on essaierait de vivre dans son intégrité la Règle « primitive » du Carmel. Ainsi est née l’idée du monastère de Saint-Joseph d’Avila.
Jean de la croix quand a lui sera le poète de la Nuit obscure, grand texte mystique qui évoque l'âme éperdue à la recherche d'un amour qui se dérobe.
Juan de Yepes naît en 1542, à Fontiveros, au cœur du plateau aride et désolé de la Vieille Castille. Il est le troisième enfant d’une famille de pauvres tisserands. Après la mort du père et du second frère de Jean, la famille s’installe à Médina del Campo. Là, par amour de la Vierge Marie, il choisit d’entrer chez les Carmes et devient frère Jean de Saint-Matthias. Il a 21 ans et est assoiffé de prière et de contemplation : «Le Père a dit une parole qui est son Fils, et il la dit toujours dans un éternel silence ; et c’est dans ce silence que l’âme l’entend» (Paroles de lumière et d'amour, 98).
Ce silence l’attire toujours plus loin, il songe à quitter les Carmes pour entrer à la Chartreuse.
Thérèse d’Ávila qui vient de fonder son deuxième carmel à Medina del Campo (1567), lui propose alors de collaborer à la réforme des Carmes. Le premier couvent est fondé à Duruelo, en 1568 ; il prend un nouveau nom : Jean de la Croix.
L’essor de la Réforme carmélitaine indispose les Carmes mitigés. ls l’enlèvent le confesseur du couvent de l’Incarnation d’Ávila, fin 1577, et le séquestrent durant neuf mois dans un cachot obscur à Tolède.
En août 1578, Jean s’évade et s’enfuit en Andalousie.
Commentant les poèmes composés en prison, il écrit quatre grands traités :
le Cantique Spirituel, la Montée du Mont Carmel, la Nuit Obscure et la Vive Flamme d’Amour. Après avoir exercé de hautes responsabilités dans le Carmel réformé, il est dépouillé de toutes charges.
Avec patience et amour, il accepte tout.
Les joies comme les peines lui permettent de s’unir toujours plus au Père par le Fils dans l’Esprit.
Dans la nuit du 13 au 14 décembre 1591, il passe par la mort pour découvrir le visage tant désiré. «Ah découvre-moi ta présence, Que la vision de ta beauté me tue. Qui pour l’amour est en peine, Guérir ne peut, tu le sais, Qu’en présence du visage aimé» (Cantique spirituel B).
Et Dieu pourrait répondre :
"Puisque je t’ai dit toutes choses en ma Parole qui est mon Fils et que je n’en ai pas d’autre, que puis-je maintenant te répondre ou te révéler qui soit plus que cela ? Ne regarde que lui, parce qu’en lui je t’ai tout dit et tout révélé et tu trouveras en lui plus encore que tout ce que tu demandes et désires. En effet, tu demandes des paroles et des révélations partielles et, si tu le regardes bien, tu trouveras tout en lui parce qu’il est toute ma parole et ma réponse, toute ma vision et toute ma révélation, tout ce que je vous ai déjà dit, répondu, manifesté et révélé en vous le donnant pour Frère, pour Compagnon et pour Maître, pour Prix et pour Récompense. […] Écoutez-le bien, lui, parce que je n’ai plus d’autre foi à révéler, ni d’autres choses à manifester. […] Tu ne trouveras rien à demander ni rien à désirer de ma part en fait de révélation ou de visions. Toi, regarde-le bien car tu trouveras en lui tout cela, déjà accompli et donné, et même beaucoup plus (2e livre de la Montée du Mont Carmel, 22, 5).
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