LA CLEF DE VOÛTE. Perché sur une butte qui culmine à 817 m, le château de Sévérac, probablement construit dès le Xe siècle, offre une vue remarquable, notamment sur la vallée de l'Aveyron. Sa situation géographique en fait un lieu stratégique. Sans doute utilisée dès l'époque romaine, la butte de Sévérac ne prit toute sa valeur qu'au Moyen Âge lorsqu'elle devint le siège d'une puissante baronnie dont l'autorité s'étendait jusqu'aux gorges du Tarn.
Le château a appartenu à plusieurs familles : les Sévérac (dont le dernier descendant direct était Amaury de Sévérac, Maréchal de France et baron de Sévérac, traîtreusement assassiné par les Armagnac), les Armagnac, puis les Arpajon. Ses seigneurs furent de toutes les luttes, de toutes les intrigues : croisade des Albigeois, guerre de Cent Ans, place forte protestante...
Sans doute victime de cette tumultueuse histoire, la bourgade née au pied des remparts mit du temps à grandir. Il lui fallut attendre la création des grandes routes royales de l'Auvergne au Languedoc, puis de Rodez à Florac. A leur croisement, vin, bétail, fromages, étoffes alimentaient un fructueux négoce : un faubourg naquit au pied de la butte. La vieille ville, dans laquelle on entre par une porte fortifiée, conserve au long de ses ruelles d'intéressantes maisons des XV et XVIe siècles avec des tourelles en encorbellement.
Le château féodal de Sévérac comprend une grosse tour à cinq niveaux, une chapelle et des bâtiments annexes. Son enceinte, reprise et consolidée en hâte au début de la guerre de Cent Ans, suit le contour de la butte. La cité est protégée par un rempart pourvu de portes fortifiées et d'une douve sèche. Au XVIe siècle, la citadelle est encore une forteresse médiévale comme le confirme une carte figuré du sévéragais sur parchemin.
Suite aux guerres de religion, d'importantes modifications sont entreprises. Ce sont les Arpajon qui transformèrent, au XVIIe siècle, le château forteresse en un palais de style Renaissance, sous la conduite, entre autres, de l'architecte florentin Gargioli. Une porte fortifiée avec bastion et pont-levis est édifiée. Au sud, est élevé, sur trois ou quatre niveaux, un corps de logis de 90 m pourvu d'une porte monumentale de style corinthien et flanqué d'une tour carrée de sept niveaux. Sa façade nord donne sur une cour d'honneur avec escaliers en fer à cheval, galerie florentine, pavillons en saillie, pilastres décorés et niches ouvragées. Une grande citerne souterraine est taillée dans la roche et une église est élevée sur la terrasse des tilleuls.
En 1679, au décès de Louis VI d'Arpajon (Duc et Pair de France), la lente dégradation du château s'amorce par manque d'entretien. Un incendie dévastateur en 1766 et les pillages de la Révolutions Française le mènent à la ruine. La commune de Sévérac en devient propriétaire en 1966 et son classement en monument historique permet d'envisager sa restauration. Durant ces dernière années, la butte a été stabilisée, les remparts et la chapelle restaurés.
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