Présentation du cours :
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Le cours public donné en 2020 avait pour objectif de présenter les caractéristiques majeures du système urbain planétaire, afin de comprendre en quoi il est possible de considérer que l’urbanisation est le vecteur principal du changement global.
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Nous avons donc analysé successivement comment et pourquoi l’urbain généralisé concentre les réalités sociales, comment et pourquoi il les diffuse (via notamment la périurbanisation), comment et pourquoi il émet polluants, déchets, gaz à effet de serre, et il draine les ressources biotiques (agricoles, halieutiques) et abiotiques (combustibles, minerais), pour satisfaire les besoins fonctionnels et économiques.
C’est ainsi que nous avons pu poser la double idée suivante : i. ce système urbain est tout à la fois agrégatif, diffusif, émissif, extractif ; ii. c’est l’impact de ces fonctionnements sur la planète qui explique notre entrée dans l’Anthropocène, qui serait donc un « urbanocène ».
En 2021, nous poursuivrons notre enquête pour approfondir l’analyse et apporter de nouveaux éléments de confirmation de cette hypothèse. Et pour ce faire, nous commencerons par revenir sur l’extractivisme contemporain, c’est-à-dire cette logique, qui naît vraiment au XIXe siècle et connait depuis quelques décennies une accentuation paroxystique, qui pousse à considérer le système bio-physique comme une « mine » dans laquelle il est nécessaire de puiser sans relâche, jusqu’à épuisement du moindre « filon » exploitable, pour alimenter les systèmes productifs et les marchés urbains globalisés.
Un tel extractivisme, dans sa conception actuelle, ne connaît pas de limites ; il est au fondement de l’imaginaire de la croissance perpétuelle sur lequel s’est organisée la mondialisation. Il importe de l’analyser précisément car non seulement ses effets sur les milieux sont de plus en plus flagrants (et peuvent même, dans le cadre de certaines exploitations minières être à l’origine de ce que certains analystes nomment un écocide) mais de surcroît il est à l’origine de circulations considérables et incessantes de matières qui sillonnent la terre en tout sens. Il modèle véritablement la géographie mondiale, qui peut être donc aussi étudiée au prisme des arrachements, des transferts, des transformations et des dépôts de matières vivantes et non vivantes.
Cette attention portée à de tels phénomènes nous placera sur la voie du métabolisme du système urbain. Ce concept recueille aujourd’hui un nouvel intérêt, qui l’éloigne tant des premières réflexions sur le métabolisme social qu’on trouve chez Marx, que des analyses quantitative des flux qui ont foisonné dans le domaine notamment de l’ingénierie, ou encore des simples métaphores organicistes.
Il s’agit désormais de saisir comment le système urbain est soutenu, à toutes ses échelles synchroniquement, par des échanges complexes des matières qu’il réclame et qu’il organise, matières qui sont par ce mouvement intégrées dans les fonctionnements et transformées en configurations spatiales et en composants des formes de vie sociale, des pratiques de cohabitation.
On peut ainsi aborder, de façon différente, les dynamiques urbaines et mieux saisir les modalités par lesquelles l’urbanisation bouleverse tous les écosystèmes planétaires.
Cela permet également de ne pas oublier que, à l’ère du numérique et des flux d’informations, les sociétés mondialisées reposent sur une matérialité aussi omniprésente dans les lieux et les espaces de vie qu’elle est en mouvement permanent.
Cela ouvre, enfin, une question politique et éthique majeure, qui est celle de l’Anthropocène : comment composer une habitation humaine de la Terre qui oriente ce métabolisme vers plus de sobriété ?
Biographie de Michel Lussault :
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Michel Lussault est géographe, professeur à l’Université de Lyon (École normale supérieure de Lyon), membre du laboratoire de recherche Environnement, villes, sociétés et du Labex IMU (laboratoire d’excellence Intelligence des mondes urbains) de l’Université de Lyon, et directeur de l’École urbaine de Lyon.
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