Une "aide à mourir", assortie de "conditions strictes", pour les malades condamnés. Emmanuel Macron a dévoilé ses positions sur la fin de vie, dans un entretien accordé à Libération et La Croix, tout en précisant le calendrier à venir. Le projet de loi "arrivera sur la table du Conseil des ministres en avril, pour une première lecture en mai" a indiqué le chef de l’État qui a tranché pour un examen à l’Assemblée avant les élections européennes du 9 juin.
Après une longue réflexion sur le sujet, le président de la République propose donc une "aide à mourir" pour abréger les souffrances des malades qui le demanderont et respectent des critères stricts : être majeur, capable de discernement, avoir une maladie incurable, des souffrances insupportables (ne pouvant être soulagées) et un pronostic vital engagé à court ou moyen terme. Après un avis collégial favorable de l'équipe médicale, une substance létale sera prescrite à la personne, qu'elle pourra s'administrer elle-même, ou avec l'aide d'un proche ou d’un soignant si elle "n'est pas en mesure d'y procéder physiquement". En seront exclus les patients de moins de 18 ans, les malades psychiatriques, les malades d’Alzheimer dont le discernement est altéré mais ce qui interrogent le plus ce lundi, c’est la définition du "pronostic vital engagé à court ou moyen terme".
Des termes "flous", selon l’ancien député Jean Leonetti co-auteur de la loi Claeys-Leonetti qui risquent de rendre cette loi inapplicable. "Quand on est flou, il y a une difficulté à l'application des lois qui ne sont pas extrêmement claires" Qu'est "un moyen terme", "court terme, on arrive à voir que c'est quelques jours, quelques semaines. Mais moyen terme, c'est quoi ? Un an, deux ans ? On voit que là aussi on va avoir d’énormes difficultés à appliquer la loi", affirme-t-il.
Des parlementaires qui ont vont avoir la tâche de préciser les contours de la loi qui suscite d’ores et déjà beaucoup de réactions. Insuffisant pour les militants du droit à mourir dans la dignité, le texte inquiète certains médecins comme le docteur Claire Fourcade, présidente de la Société française d'accompagnement et de soins palliatifs (SFAP). L’Église de France, de son côté, a vivement critiqué ce lundi le projet de loi, en évoquant "une tromperie", "quelque chose d'incompréhensible" et "une absence de fraternité".
Selon un sondage Cluster17 pour Le Point, réalisé en octobre dernier, 83 % des Français seraient favorables à l’euthanasie (le médecin administre la substance létale). Le consensus serait moins fort concernant le suicide assisté (le patient administre la substance létale) : 67 % sont pour. Entre 3 et 4 % se disaient prêts à manifester contre une loi sur la fin de vie.
Nos experts :
- Christophe Barbier, Éditorialiste politique et conseiller de la rédaction - "Franc-Tireur"
- Marina Carrère d'Encausse, Médecin et journaliste – "Le magazine de la santé"
- Isabelle De Gaulmyn, Rédactrice en chef – "La Croix"
- Jérôme Fourquet, Directeur du département Opinion - Ifop, auteur - “La France d'après”
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