Si sa beauté nous fascine, si ses « breachings » nous enchantent, le chant de la baleine à bosse résonne à nos oreilles comme une étrange et superbe musique.
Pourtant, les sons que ce bon géant émet se révèlent d’une grande complexité et se soumettent à des règles précises.
Il semble aujourd’hui évident qu’il s’agit bien d’un langage.
Un chant typique comporte de 5 à 7 thèmes différents, qui sont habituellement repris selon un ordre séquentiel.
Sa durée moyenne est de 8 à 15 minutes, mais peut atteindre 30 minutes. Répétés encore et encore, chaque session de chant peut se prolonger plusieurs heures.
Les sons utilisés vont des couinements suraigus jusqu’aux grondements infra-soniques et aux cliquètements variés.
Une caractéristique frappante de ce chant est qu’il ne cesse d’évoluer au cours du temps.
Chaque année, des sons différents et des arrangements orignaux suscitent la création de nouvelles phrases et de nouveaux thèmes.
Ces changements sont peu à peu incorporés dans le chant, tandis que d’autres éléments plus anciens disparaissent complètement.
De telles modifications surviennent de façon collective au sein de toute la population.
Au terme de quelques années, le chant initial devient totalement différent de la version originale.
En dépit de ces variations incessantes, tous les chanteurs d’une même région du monde entonnent ensemble le même refrain ! C’est ainsi que les baleines à bosse du Pacifique Nord (Japon, Hawaii, Mexique ou Philippines), bien que distants de plusieurs milliers de kilomètres, chante essentiellement la même version au même moment.
C’est à Roger Payne et à Scott McVay que revient l’honneur d’avoir étudié pour la première fois le chant des baleines à bosse dans un article intitulé « Songs of Humpback Whales" (Magazine Science 1971).
Pendant plus de dix ans, Roger et son épouse Katherine se sont attachés à décrire et analyser la strucutre et la dynamique de ces émissions sonores.
Mais les recherches se poursuivirent : Nous savions, depuis les premières études de Roger Payne en 1971, et son ouvrage « Among Whales » qu’il rédigea avec son épouse, que les vocalisations prolongées des baleines à bosse semblaient rimer comme des poèmes et contenaient sans doute une quantité impressionnante d’informations.
Plus globalement, Roger Payne avait noté les faits suivants :
1) Les enchaînements musicaux se présentent sous forme de chants. Ceux-ci sont spécifiques à chaque individu.
2) Néanmoins, même s’ils varient de personne à personne, ces chants obéissent à des règles syntaxiques précises, partagées par le groupe auquel la baleine appartient et qui se fondent elles-mêmes sur un schéma basique propre à l’espèce elle-même.
3) Les chants sont répétés sans pause par différents individus, de sorte que ces sessions peuvent durer plusieurs heures.
4) La séquence des phrases composant plusieurs chants successifs produits par la même baleine reste identique. Néanmoins, le nombre et la nature de ces phrases varient au sein même de ces thèmes.
En 1981, on put déterminer que les chanteurs étaient des mâles et qu’ils s’adressaient à d’autres mâles.
En 1997, il devint évident que les émissions sonores des mâles adultes avaient pour fonction de communiquer les uns avec les autres.
En 1999, grâce à l’usage de la photographie aérienne et aux techniques de la photogrammétrie techniques, les premières comparaisons entre les caractéristiques des chants et la taille ou l’âge des chanteurs furent établies. Au début, il sembla que seuls les mâles adultes étaient concernés.
Par la suite, on constata qu’il existait de grandes variations dans la formulation des chants au sein même de la même classe d’âge et que chaque individu pouvait lui-même modifier ses productions sonores de manière significative au cours des heures.
Certains aspects du chant changeaient selon l’environnement social où se trouvait le chanteur.
En 2001, il apparut que certaines interactions existaient entre les chanteurs et ceux qui les accompagnaient.
Coomme chez les dauphins, un mâle pouvait s’associer et coopérer avec un autre mâle lorsqu’ils s’approchaeint d’une femelle, laquelle était elle-même entourée de prétendants.
De 2003 à 2006, il devient évident que ces chants, lancés durant la saison des amours, servaient non seulement à interpeller d’autres mâles compétiteurs mais aussi à resserrer les liens de coopération entre les membres d’un groupe d’amis.
Enfin, en 2011, un article récent nous fait savoir qu’au termes de recherches approfondies menées à l’ouest de l’Atlantique Nord, les baleines à bosse ne se contentent pas de chanter uniquement pour séduire leurs belles, impressionner leurs rivaux ou resserrer leurs liens d’amitié, mais qu’ils se servent aussi de leurs émissions sonores – plus variées qu’on ne le supposait jusqu’ici – lorsqu’ils sont loin de leur famille, en train de manger ou de se déplacer.
Sources : [ Ссылка ]
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