Sport et guerre froide
Pendant quatre décennies, la guerre froide s’est aussi emparée des stades et des rencontres sportives internationales. Le sport comme instrument de propagande politique, le procédé n’était pas nouveau et se trouvait exacerbé par la rivalité entre l’URSS et les États-Unis que tout opposait. Avec l’effondrement du bloc de l’Est, cette vision manichéenne du monde n’est plus qu’un lointain souvenir. Pour autant, peut-on parler d’une victoire par KO de l’impérialisme américain ?
-"Cela prouve que notre mode de vie est le bon." C'est en ces termes que Herb Brooks, entraîneur de l'équipe de hockey sur glace des Etats-Unis, s'adresse au président américain Jimmy Carter à l'issue de la victoire inespérée de son équipe contre celle de l'Union soviétique aux Jeux olympiques de Lake Placid en 1980, en pleine guerre froide.
-Les relations entre l'URSS et les États-Unis sont alors particulièrement tendues. Le bloc communiste poursuit son expansion dans les pays en développement alors que les États-Unis voient leur influence remise en cause par leur fiasco au Viêtnam.
Aussi, cette victoire surnommée "miracle sur glace", revêt une signification symbolique et politique très importante pour des États-Unis en plein doute.
La guerre froide a transformé les terrains de sport en lieux d'affrontement idéologique de premier ordre.
Le département d'État des États-Unis estime que le Comité international olympique doit être utilisé à des fins de propagande, tandis que l'URSS, qui jusqu'alors faisait l'impasse sur les compétitions internationales considérées comme des déviances du monde capitaliste, participent aux Jeux olympiques d'Helsinki.
Ces Jeux deviennent le reflet des tensions internationales.
Le village olympique est séparé entre les délégations des pays communistes et celles des autres nations.
Le rideau de fer se prolonge dans le monde du sport.
Médiatisé à l'échelle mondiale, le sport devient un enjeu fondamental dans la lutte d'influence que se livrent les deux Grands, et un élément essentiel de leur propagande idéologique.
Les rencontres opposant les États-Unis à l'URSS, ou leurs alliés respectifs, sont autant de démonstrations politiques.
Les victoires deviennent des preuves éclatantes de supériorité et les défaites de cuisants désaveux.
La finale de basket-ball des Jeux olympiques de Munich en 1972 est emblématique.
Elle est remportée in extremis par l'URSS face aux États-Unis, qui refusent la médaille d'argent.
En URSS et dans les démocraties populaires, le sport est érigé en appareil d'État, et d'importants moyens sont mis en œuvre pour former des champions : recrutement dès le plus jeune âge, discipline militaire des entraînements et utilisation de la science pour maximiser les performances, parfois au-delà de l'éthique, comme en témoignent les nageuses est-allemandes.
Entre 1952 et 1988, les Jeux olympiques d'hiver et d'été consacrent le plus souvent l'Union soviétique.
Les États-Unis, eux, œuvrent pour attirer en Amérique du Nord les compétitions internationales, autant d'occasions de diffuser une image positive de leur modèle.
Une ou plusieurs villes étasuniennes sont systématiquement candidates à l'organisation des JO d'été et d'hiver pendant la guerre froide.
Ils utilisent également leurs puissants modes de communication tels que Radio Liberty, et leurs réseaux de renseignement, pour discréditer le sport et le modèle soviétiques.
Ils encouragent la dissidence de sportifs du bloc de l'Est.
Les États-Unis font du sport un outil de diplomatie antisoviétique.
Ils organisent par exemple des matchs de ping-pong avec la République populaire de Chine en prélude à leur rapprochement motivé par une hostilité commune à l'URSS.
Par ailleurs, les deux Grands utilisent le boycott pour se critiquer et se nuire mutuellement.
En 1980, les États-Unis appellent le monde à ne pas se rendre aux Jeux olympiques de Moscou pour, officiellement, réagir à l'invasion de l'Afghanistan par l'URSS.
Quatre années plus tard, l'URSS rend la pareille à l'occasion des JO de Los Angeles.
Pourtant, ces compétitions internationales ont également pu desservir l'image des deux Grands, les caméras mondialisées et non-censurées offrant une tribune de choix aux voix discordantes.
L'URSS a vu son image ternie à plusieurs reprises.
En 1956, aux Jeux olympiques de Melbourne, la rencontre de water-polo entre l'URSS et la Hongrie, dont la révolte contre Moscou a été matée dans le sang, dégénère en pugilat.
À l'issue de ces mêmes Jeux, quarante-cinq sportifs hongrois demandent l'asile à l'Ouest.
Aux Jeux olympiques de Moscou, en 1980, le perchiste polonais Wladyslaw Kozakiewicz ponctue sa victoire d'un bras d'honneur adressé au public et aux dirigeants soviétiques.
Les Jeux olympiques de Mexico, en 1968, restent célèbres pour les poings levés des athlètes étasuniens Tommie Smith et John Carlos protestant contre les discriminations dont souffrent les Afro-Américains aux États-Unis.
SPORT ET GUERRE FROIDE [USA-URSS] ⚡
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